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Handheld, PDA, Palmtop, Psion Il s'agit des tout petits micro-ordinateurs que l'on peut théoriquement transporter dans la poche. Cette catégorie de micros pose un problème rare à la langue française qui connaît ici une défaite. Il n'y a pas de mot pour les désigner, ce qui entraîne une prolifération d'approximations. Examinons les dégats. Les commerçants les considèrent soit comme des calculatrices évoluées parce qu'ils en ont la taille, soit comme des agendas électroniques puisque c'est une de leurs fonctions. Mais tels des albatros aux ailes trop grandes, ils sont très à l'étroit dans ces rayons. Coûtant en général entre dix et vingt fois plus cher qu'une calculatrice moyenne, ils ne s'adressent pas du tout au même public. Et s'ils permettent bien de gérer un agenda, ils prétendent rendre tellement d'autres services que l'on utilise très souvent aussi à leur endroit le néologisme organiseur, traduction directe de l'américain organizer. Et que sont-ils censés organiser ? Oh, pas grand chose, juste notre vie, notre temps, nos rendez-vous, nos relations, nos comptes. Les magazines spécialisés ont le même problème, qu'ils résolvent à leur manière. La plupart du temps, ils reprennent les termes américains de handheld, littéralement "tenu à la main", ou de palmtop, c'est-à-dire ordinateur de paume. Ce dernier terme est construit par analogie. Un ordinateur de bureau est au Etats-Unis un desktop, ce qui veut dire qu'il se pose sur le bureau. Par extension, un micro portable est devenu un laptop, lap voulant dire ici genoux. Et les micros plus petits encore que les laptops sont devenus des palmtops. Mais le problème est venu des marques. En pratique, le mot palmtop a commencé à se répandre au sujet du Pilot de US Robotics, devenue ensuite 3Com. De même, la marque Apple avait tenté en 1993, sans succès, d'imposer le Newton, qu'on appellerait aujourd'hui un palmtop, mais que son promoteur appelait un Personal Digital Assistant (assistant numérique personnel) ou PDA. De nombreux magazines parlent encore de PDA. Quand Microsoft a voulu pénétrer ce marché, à partir de 1997, avec son système Windows CE, on a commencé à assister à l'usage de ce terme en concurrence avec les précédents, même s'il ne désigne pas un objet mais un logiciel d'exploitation. La confusion terminologique est donc totale, et dure depuis longtemps. Les utilisateurs préfèrent du coup désigner leur appareil par sa marque, précédée d'un possessif: mon Psion, mon Pilot. On avait assisté à la même chose, transitoirement, au début du succès du téléphone portable: mon Motorola, mon Ericsson. Ce problème avait pourtant été résolu de manière démocratique il y a presque vingt ans. Au début des années quatre-vingt en effet, les micros de poche avaient déjà fait une apparition, avec les Sharp PC1211 ou PC1500 et leurs concurrents de la marque Casio. Le mensuel L'Ordinateur Individuel avait créé un petit frère, L'Ordinateur de Poche, qui ne vécut pas très longtemps, mais eu le temps de proposer un concours à ses lecteurs pour trouver un nom à ces machines. Ordipoche fut le lauréat. Cela aurait pu marcher. Hélas, c'était sans doute trop tôt car, vers 1985, cette première génération de petites machines passa de mode. Les vagues suivantes, menées en ordre dispersé par Apple, Psion, US Robotics, puis Microsoft ne stimulèrent plus la créativité linguistique des magazines français. TendancePas de solution en vue. La situation française est un reflet aggravé de celle des Etats-Unis. Handheld gagne du terrain, mais Palmtop fait plus que résister, et même PDA n'est pas mort. Gageons que nous n'aurons un mot qu'après que deux victoires auront été célébrées: celle d'un mot sur un autre en Amérique, et celle surtout, incertaine, de ces machines elles-mêmes face aux réticences de consommateurs qui les trouvent soit trop chères, soit pas très utiles, soit pas très fiables, soit pas très pratiques. Les traducteurs peuvent dormir encore un peu. DicoLa place est sûrement déjà réservée, mais à quelle lettre? S'il fallait prendre un pari, je miserais sur la lettre P. |
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