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Un pixel est l'unité de base de l'image numérique. Dans le sabir cyber courant, c'est un point: l'élément de base, l'atome, d'une image, d'une photo numérique, d'une image de synthèse, ou, par extension, d'un écran de dispositif informatique. On dira ainsi d'un appareil photo numérique récent qu'il est un " 2 mégapixels" , ce qui veut signifier que son capteur CCD – sa partie électronique sensible à la lumière - est capable de distinguer plus de deux millions de points différents quand il restitue l'image. En réalité, l'étymologie nous livre une nature un peu plus complexe et décevante que cela. Pixel est en effet au départ la contraction anglaise de "picture element", pix étant, dans le jargon américain de l'image, le diminutif de picture. Mais cet élément d'image, notion technologique, n'est un point , notion sensible, que dans le cas d'une image noir et blanc. En revanche, le "point" (dot en anglais) d'une image couleur est en général obtenu par le mélange de trois pixels, souvent respectivement rouge, vert et bleu. D'où de fréquentes confusions, pas toujours perdues pour tout le monde, entre la résolution en points (le nombre de points distincts que contient chaque ligne d'une image sortie sur imprimante, par exemple) et le nombre de pixels d'une image. Mais on ne peut pas toujours en déduire qu'un point vaut trois pixels, car il existe de multiples techniques de synthèse de la couleur. Les imprimantes récentes par exemple utilisent des méthodes subtiles qui font varier la taille et le nombre des pixels , vu de leur point de vue, pour engendrer un point de l'image. De toutes façons, le but de la manœuvre, c'est que l'image apparaisse continue pour le public auquel elle est destinée. Car l'informatique multimédia est hantée par le spectre de sa préhistoire, pas si lointaine, où les images donnaient à voir la façon dont elles étaient assemblées, c'est-à-dire une laborieuse juxtaposition d'éléments discontinus, visibles encore sur l'écran d'un Minitel ou celui d'un téléphone portable. Mais voilà, il est difficile de lutter contre sa nature, or l'informatique toute entière est construite sur le discontinu. C'est même le principe du numérique : découper la musique, la photographie ou le cinéma en une suite discrète (en mathématique c'est le contraire du continu) de zéros et de uns. Et restituer le tout ensuite avec une telle profusion d'informations, un tel débit, que la ruse du découpage deviennent vraiment discrète. C'est-à-dire continue. Ce tour de passe-passe, qui est l'usine secrète de tout le multimédia, s'avoue encore pas des notions aussi ambiguës, derrière leur apparente technicité, que celle de pixel. Mais le passage du pixel au point dans le cas d'une image en couleurs n'est encore rien face aux questions que posent les deux techniques, très répandues et de sens contraire, que sont la compression et l'interpolation. Dans l'image JPEG d'un appareil photo, un fichier vidéo en MPEG2 pour la télévision numérique ou un DVD, ou encore les actuels fichiers de musique en MP3, la compression réduit les éléments élémentaires du signal en une bouillie dans laquelle l'informatique moderne saura retrouver ses petits. L'interpolation, celle d'un scanner ou d'un zoom numérique, fait le travail inverse en engendrant des informations qui n'ont pas été perçues mais sont plausibles. Dans les deux cas le résultat sensible, le son final ou l'image finale, même si leur qualité principale est de paraître réalistes, sont en fait d'impurs produits de synthèse, dans lequel le grain – le nombre de pixels par exemple – est une bien trompeuse mesure de la fidélité. Ainsi, au-delà des subtilités étymologiques, est-il assez utile et sage de se souvenir qu'un pixel n'est pas un point : cela évite de prendre tout-à-fait les vessies numériques pour des lanternes sensibles. |
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