1 : La
micro-informatique forme un « système technique », comme on a pu en parler
au sujet de la machine à vapeur. Par ce terme on entend un ensemble de
techniques en interaction, qui renvoient toutes les unes aux autres. Par
exemple, les appareils photo numériques sont à relier aux imprimantes à jet
d’encre couleur, qui elles-mêmes sont un produit des logiciels bureautiques.
Il faut ainsi considérer ensemble les éléments suivants :
-
l’industrie des microprocesseurs et des
mémoires
-
les systèmes d’exploitation
-
les fabricants de micro-ordinateurs
-
les constructeurs de périphériques :
disques durs, imprimantes, modems, joysticks, etc.
-
les fournisseurs d’accès à Internet
-
l’industrie des logiciels micros
-
l’industrie des jeux vidéo (matériels et
programmes)
-
la photographie numérique
2 : Le système technique de la
micro-informatique s’est inventé dans une grande décennie « 1969-1981 »,
celle qui va de la mise au point d’Internet et des premiers travaux du PARC
sur les nouvelles interfaces, à la sortie de l’IBM PC. Cette période a été
caractérisée par les éléments suivants :
-
Invention de concepts radicalement
nouveaux : microprocesseur, interface graphique, tableur, imprimante
laser, services de téléinformatique grand public, etc.
-
Intense activité de R&D, avec dépôt de
nombreux brevets qui seront exploités dans la période suivante : cd-rom,
disques durs, imprimante à jet d’encre, par exemple.
-
Création d’entreprises nouvelles :
Microsoft, Apple, Electronic Arts, AOL, ente autres.
-
Marché grand public encore balbutiant, sauf
pour les jeux vidéo, et marché professionnel encore entièrement fermé au
nouveau système technique.
3 : La période qui va de 1981 à 1998
est celle du déploiement de ce système. Pour les contemporains, cette
période est vécue comme celle d’une grande effervescence technologique,
alors qu’en réalité plus rien de majeur n’est inventé après 1981. Mais la
micro-informatique conquiert les entreprises et set aille un marché grand
public considérable qui va voir els taux d’équipements en micros largement
dépasser les 50% aux États-unis et en Europe du Nord. Les grandes tendances
sont les suivantes :
-
unification technologique autour du couple
Intel-Microsoft
-
essor d’Internet, tant auprès du grand
public que pour les entreprises
-
baisses de prix continues
-
développement du marché des périphériques
-
stabilisation des logiciels
En 1998, à l’orée d’une « bulle »
spéculative sans précédent, la saga des logiciels micro est terminée : les
systèmes d’exploitation, les tableurs, les traitements de texte, les
browsers ne progressent plus significativement. Microsoft domine tout cela
et butte même sur un procès anti-trust. La photographie numérique atteint
les 2 mégapixels, les graveurs sont apparus, dernier « nouveau produit » sur
el marché grand public. Le magazine « Byte » cesse de paraître.
4 : La troisième époque du
système technique s’ouvre donc par une envolée boursière suivie d’une grave
crise. Pendant le deuxième mandat de Bill Clinton, on parlera même d’une
« nouvelle économie » supposée profondément différente de l’ancienne. On
peut caractériser cette troisième phase par les tendances suivantes :
-
Stabilisation des techniques. Non
pas que les ingénieurs ne soient plus capables d‘invention, mais
principalement en raison de la lourdeur désormais des parcs installés.
On a dépassé en 2002 le cap du milliardième micro vendu. Une des
contraintes majeures est désormais la compatibilité, en particulier les
entreprises ont un parc hétérogène, constitué par des vagues
d’équipement successives. Les « nouveaux » logiciels doivent tourner sur
des machines de plus de quatre ans, contrainte qui était largement
ignorée dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix.
-
Collision d’une micro-informatique en
expansion et de la vie privée. Cela commence par se manifester de façon
dramatique, policière ou judiciaire : flicage dans les entreprises,
craintes de la mise en place d’un véritable Big Brother (Echelon),
problèmes de respect de la confidentialité. Mais il y aura des
interactions plus pacifiques, la micro pouvant se mettre au service des
nouvelles tendances de gestion de leur vie privée par les individus.
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Évolution technique générale sur une
trajectoire proche de celle connue par la voiture plus d’un demi-siècle
auparavant. La question de la fiabilité par exemple l’emporte sur celle
des performances. Fiabilité.
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Concentration des entreprises
-
Les marchés, professionnels comme
grand public, sont désormais très gros, et donc relativement inertes.
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